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Quelques enclos paroissiaux finistériens
Les enclos
Les enclos paroissiaux complets sont composés d'une église, d'un calvaire, d'un ossuaire, d'une porte triomphale et d'un cimetière, le tout entouré d'un muret. Tous ces éléments ne sont pas toujours présents, soit qu'ils aient été supprimés, soit que l'enclos n'ait jamais été "complet".
Il faut garder à l'esprit que les églises et calvaires étaient dans leur "jeunesse" polychromes. Imaginez donc (si vous y arrivez...) les photos que vous verrez par la suite avec des couleurs éclatantes, ça change... moi, j'ai du mal, je suis trés attachée à la grisaille du granit recouvert de lichen!
Les diverses parties des enclos étaient commanditées par les Fabriques, commités de bourgeois et paysans aisés locaux, et exécutées par des artistes de pays formés à leur art et de talent reconnu. Les matières premières venaient directement du Massif Armoricain, bois, granit, kersantite (cette roche d'origine volcanique extraite prés de Kersanton présente paraît-il la particularité de se laisser travailler "facilement" et de durcir aprés(?)), etc.
Une véritable concurrence existait entre les paroisses sur la beauté de leurs enclos, chacune essayant de faire mieux que ses voisines, plus beau, plus grand.
Les églises
On y rentre généralement par le porche sud, où les apôtres sont représentés. Les niches sensées accueillir leurs statues en granit peint sont malheureusement souvent vides, n'ayant pas résisté au temps, et notamment pas à la Révolution... Parfois, les blasons des familles nobles locales sont également représentés. Certains se sont également vus rognés à la Révolution... Le porche sud servait souvent de lieu de rénion aux notables de la ville.
Les églises bretonnes renferment souvent de splendides retables et jubés en bois, polychrome ou non, de grandes orgues magnifiquement décorées, et des fonts baptismaux dans lesquels j'aurais aimé être baptisée. Oui, il y a tout ça un peu partout en France aussi, mais pas dans de si petites églises, en aussi grande quantité, dans une aussi étroite région géographique. Si?
Le breton amenait souvent ses animaux (bétail, cochons, etc.) avec lui à la messe. Je ne sais pas si l'intérieur de l'église leur était également ouvert, mais au moins l'intérieur de l'enclos, oui! Donc, les dalles en travers des différentes entrées de l'enclos ne servaient pas à empêcher les animaux d'entrer, contrairement à ce que j'ai lu en différents endroits... Alors ça les empêchait de sortir????
La messe a priori était vécue trés différemment suivant les gens: tandis que les plus pieux écoutaient la messe prés du curé, les autres discutaient des dernières nouvelles ou réglaient leurs différends (parfois même violemment) dans le fond...!!!
Les calvaires
La différence entre les calvaires et les croix n'est pas nécessairement trés bien définie. Il semble que le plus souvent, on considère comme un calvaire, une croix située à proximité d'une église (mais pas nécessairement tout à côté non plus), présentant, en plus de la croix du Christ, soit les croix en Tau des deux larrons, soit au moins un épisode de la Passion autre que la Piétà (celle-ci étant couramment représentée sur de simples croix).
Le calvaire, donc, représente des épisodes de la vie du Christ, de sa naissance à sa résurrection. Il était ainsi utilisé par le curé pour faire l'instruction religieuse de ses paroissiens: il tournait autour du calvaire et désignait en les expliquant les divers tableaux représentés.
Un calvaire est toujours rigoureusement orienté: selon la tradition, le Christ serait mort en faisant face au couchant, sa croix est donc toujours tournée vers l'ouest.
Les ossuaires
Autrefois, les morts étaient enterrés dans l'église même, sous les dalles, le plus prés possible de l'autel pour les plus riches. Ces "sépultures" étaient communes. On honorait Les Morts et non pas Ses Morts. La notion de cimetière que nous connaissons n'était pas implantée en Bretagne! Bref, ces "sépultures" arrivaient rapidement à saturation, et les conditions d'hygiène étaient tout à fait déplorables... C'est ainsi que, dans un premier temps, les ossuaires furent construits pour servir à entreposer les ossements au fur et à mesure qu'ils étaient exhumés (par la population même) pour faire de la place aux "nouveaux arrivants".
À partir de 1630, toute une armée de prêtres et de missionnaires s'appliquèrent, par souci d'hygiène et d'uniformisation, à combattre ce particularisme breton: l'apparition des cimetières fera perdre leur utilité aux ossuaires qui seront alors reconvertis en chapelles, écoles, et aujourd'hui en musées, lieux d'expositions, ou entrepôts à poussière.
Les cimetières
Comme vous l'aurez compris dans mon bla-bla sur les ossuaires, les cimetières ne sont pas une tradition très ancienne en Bretagne. Et oui, avant, seuls les étrangers dont on doutait de la religion et les enfants morts sans avoir été baptisés n'étaient pas enterrés dans l'église, mais en dehors, dans ce qui est aujourd'hui le cimetière... Sort peu enviable si l'on s'inquiète du devenir de ses ossements! En effet, ce lieu clos cernant l'église servait également à parquer les animaux pendant les fêtes... il n'était donc pas rare de voir quelques nonos exhumés par le groin d'un cochon...
Quelques pages de photos (euh... toutes les photos n'y sont pas encore, mais j'y travaille...!)
Voici une liste de quelques enclos: en cliquant sur les noms, vous aboutirez à des pages qui leur sont consacrées. Que des photos! Pas de bla-bla (oui, bon, presque pas, et ce coup-ci c'est vrai!)
Je n'ai pas remis les photos figurant sur cette page (ça manquait d'intérêt). En revanche, vous y trouverez des cartes postales anciennes, quelques photos en noir et blanc et quelques photos aux couleurs insolentes au milieu de toute cette grisaille!!! Allez, je me lâche, attention, voici la déclaration du siècle: "le noir et blanc, c'est formidable pour prendre les vieilles pierres en photo, ça rend mille fois mieux que la couleur!" Voila, c'est dit. Ça soulage.
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